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COVID et CRIMES

Rabbin Dalsace

"Hélas, la réalité du terrain, c’est la souffrance des homosexuels juifs, l’insulte, les ricanements, les regards entendus et du coup leur éloignement de fait de nombreuses synagogues et cercles communautaires incapables de comprendre et d’accepter qu’un couple homosexuel les fréquente ou emmène ses enfants au Talmud Tora. La réalité de terrain, c’est aussi un fort pourcentage de suicides chez des homosexuels culpabilisés, rejetés, renvoyés à leur identité douloureuse qui les obligerait à rompre avec le reste de la société et même souvent avec leur famille. Dans les milieux juifs religieux, mais donc dans le milieu juif en général du fait de la forte dimension sociale et identitaire du judaïsme, ce désarroi est plus fort qu’ailleurs à cause du sentiment de rejet et de culpabilité. Or la religion ne doit pas être le lieu exclusif de la culpabilisation et du rigorisme, du din ; elle doit aussi être un soutien, un lieu de ressourcement, d’acceptation, d’accompagnement et d’apaisement, un lieu de hessed. Les différentes réactions religieuses auxquelles le grand rabbin mêle sa voix montrent bien l’inverse, un rejet ontologique du fait homosexuel enrobé de quelques déclarations contre l’homophobie. Or, pour les sources juives, sauver une seule vie mérite de revoir tout un système. S’il y a des valeurs à retenir du judaïsme, c’est avant tout celle de l’amour de la vie et du prochain, quel qu’il soit et celle de l’écoute de l’autre, même si cela bouscule nos certitudes. Ne pas suivre ces impératifs, c’est remettre en cause, à mon avis, un des fondements du judaïsme et sa raison d’être. Or, si on accepte ce point de vue sur le rôle du rabbin, le modèle consistorial actuel fait preuve, sauf exception, d’un réel déficit sur le terrain dans toutes sortes de domaines et en particulier vis-à-vis des homosexuels."

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